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Quelques lettres en forme de confessions.

com

Manuscrits de Mariette Lydis et tapuscrits corrigés et mis au point. 

Jamais adressés, bien entendu, en 1940 elle a 53 ans.

 

QUATRE LETTRES D'ADIEU ECRITES EN L'ANNÉE 1940.  (*1)

 

Mon Giuseppe chéri(*2), c'est difficile et triste et un peu ridicule de t'écrire une lettre d'adieu comme celle-ci, lorsqu'on est parfaitement bien portant, et on n'a aucune envie de mourir. Mais c'est alors qu'il faut l'écrire et longtemps déjà j'ai voulu le faire, mais le moment n'était jamais le bon. Depuis la guerre, depuis que le destin nous a brusquement arrachés l'un de l'autre (*3), cela m'a travaillé souvent; enfin, ce soir, je me décide, tout en espérant que je te reverrai - je l'espère d'une manière si fervente - je pense toujours que cette séparation Rue de la Paix ne peut être définitive.(*4)

 

Si toutefois cela devait être je te remercie, mon cher compagnon, pour ton amour si exclusif, pour tout ce que tu m'as donné de toi-même, mon bachelor à moi toute seule; j'ai été très heureuse avec toi, notre home était une chose si précieuse, avec mon travail et le tien. Tu m'as aidé avec ton enthousiasme, ton respect, avec ton affection, ta haute culture, et matériellement aussi (lorsque tu m'as enseigné la lithographie, par exemple). Combien de fois m'as tu remontée lorsque j'étais déprimée, lorsque mon travail n'allait pas. Tu avais un si beau, un si noble respect de mon travail, j'en [ai] été touché toujours, infiniment. Presque toujours nous aimions et nous n'aimions pas les mêmes personnes et les mêmes choses, tu étais même plus exclusif que moi, qui le suis déjà tellement. Tu n'es réellement pas [facile] à atteindre, et moi je t'ai atteint.
Je le sais mon cher trésor. Je tremble que tes lettres ne m'arrivent plus, que l'Italie n'entre en guerre! ... (*5) ce serait une perte terrible pour moi. Tes lettres sont un tel réconfort, une si chère chose vivante. Je les aime tant!
A commencer par leur extérieur, si net, si harmonieux comme toi-même. A ce sujet il faut que je te dise combien tu m'as plu toujours. Droit et mince, avec tes cochi grigi que j'aime tant, tes nobles mains longues et tes pieds d'archange.(*6) Bonnes à toucher, tièdes et lisses et dures. Tends-la moi, cette belle et chère main, adieu, toi.

 

Mariette.

.............

1940.

Meine Marie,(*7) meine Geliebtes, Du bist meine älteste Freundin, Du weisst alles von meiner Kindheit und Jugend, Du hast mich durch all Jahre begleistet mit Deiner Treue; ich danke Dir dafür. Ich hab Dich geliebt, seit ich sechs Jahre alt war und immer mehr. Du bist für mich eine Sonne gewesen, Wärme und Licht - so unveränderlich lieb, so gewissenhaft, so tapfer, so voll Vertauen inalles und Alle Danke, mein Geliebtes.

Deine Mariette.

Ma Marie,(*7) ma bien-aimée, tu es mon amie la plus ancienne, tu sais tout de mon enfance et de mon adolescence, tu m'as accompagnée fidèlement toutes ces années. Je te remercie pour cela. Je t'ai aimé depuis mes six ans et toujours. Pour moi, tu étais un soleil, chaleur et lumière - amour donc immuable, avec tant de diligence, si brave, si plein de confiance en tout et tous je te remercie, ma bien-aimée. 

.............

Mein schwarzes Munti, dies ist ein Abschiedsbrief, er ist nicht schwer zu screiben, denn ich ganz gesund und hab gar keine Absicht zu verschwinden Sollete es aber doch gescheben (früher oder später) so ist dieser Brief um Dir adieu zu sagen und danke für Deine grosse Liebe, für Dein reines eigensinniges Herz, Deinen grossmüttigen und domütigen Charakter, Deine seltene Persönlichkeit. Du hast in meinen Leben eine grosse Rolle gespielt. Du hast zu mir gehört - Danke für alles, liebes Herz, Geliebtes.

Deine Mariette 

  Mon Pierrot noir,(*8) c’est une lettre d'adieu, elle n’est pas difficile à écrire, parce je suis en très bonne santé et n’ai pas l’intention de disparaître, mais si cela devait arriver (tôt ou tard) cette lettre est là pour te dire adieu et te remercier pour ton grand amour pour ton cœur pur et obstiné, ton caractère humble et généreux, ta personnalité rare. Tu as joué un grand rôle dans ma vie. Tu m'as écouté - Merci pour tout, cher cœur bien-aimé. 

.............

Erica dearest, herewith I am saying goodbye ti you and thank you, sweet dogsbody for everything. - You have helped me in my daily life and work, you have been a delightful companion and I have loved you -. Thank you for everything.

Mariette.

 

 

.............

poissons-rouges.jpg 

-1/ C'est le 2 juillet 1940 que Mariette s'est embarquée sur le Paquebot qui emmenait ses oeuvres pour l'exposition Müller à Buenos Aires. C'est la grande déchirure où elle part seule sans savoir qui l'accueillerait. D'où certainement une grande angoisse, ces notes furent probablement tapées plusieurs années après, une fois installée, mais le manuscrit des 2 premières est daté du 22 avril 1940.

-2/ Elle avait quitté son mari le Comte Giuseppe Govone depuis la Rue de la Paix en voiture en compagnie de son amie Erica Marx en Août 1939. 

-3/ Avec le fascisme les avoirs de Govone étaient bloqués en Italie et rien ne le retenant à Paris, sans activité d'édition, il partit en fin 1939 dans sa maison de Menagggio, puis à Turin, d'où il correspondait régulièrement avec Mariette bien que souvent avec des lenteurs, les lettres se croisaient. 

-4/ C'est en 1946 que Govone réussit à rejoindre Mariette à Buenos Aires, et il l'accompagna à son exposition chilienne, Mariette submergée par le succès y restera un mois de plus que lui. 

-5/ Cette note est donc bien écrite en Angleterre, l'Italie déclare la guerre à la France et au Royaume Uni le 10 juin 1940, soit quelques semaines avant le départ de Mariette de Winchcombe où elle laisse Erica et les autres réfugiés dont Elisabeth Janstein, ancienne correspondante à Paris du journal viennois Neue Freie Press. (Ses articles ont fait l'objet d'une transcription dans les archives du BYU dans le projet "Sophie").

 

mains.jpg 

-6/ On connait plusieurs dessins des mains de Govone, dont un fut déposé par les amis italiens des Govone à Menaggio, Ignacio Vigoni et Alessandro Erdely au "Vittoriale" musée mausolée de D'Annunzio de Gardone. Mariette était particulièrement attachée à l'observation des mains comme du regard, elle conservera dans ses papiers plusieurs exemplaires des photos de ses mains par Laure Albin Guillot.

  Laure-Albin-Guillot-mains.jpg

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-7/ Marie Stiasny, secrétaire de Hermann et Génia Schwarzwald, amie d'enfance qu'elle accompagne dans les sorties organisées par Génia Schwarzwald, où elle rencontre les artistes célèbres qu'attire l'enseignante de renom. Elle lui ressemble aussi beaucoup. Le couple Scwharzwald s'est réfugié en Suisse en 1939 où Hermann est décédé à Zürich, les Docteurs Génia et Marie organiseront un réseau d'expatriation entre Vienne et Zürich mais Génia décède le 16 Août 1940, et Marie obtiendra grâce à Mariette un visa pour l'Argentine, Giuseppe financera le voyage. Deux ouvrages de Robert Streibel, le spécialiste de Schwarzwald décrivent son rôle à Wien. 

.......... 

 

-8/ Munti est maintenu sur tous les exemplaires refrappés, ou pouvait penser Mutti, donc ici peut-être une expression pour désigner sa mère en deuil. La tristesse et le grand amour sont les caractéristiques que l'on retrouve toujours dans les sentiments exprimés par Mariette au sujet de sa mère Eugenia. Ses parents revenaient bouleversés de l'établissement où était placé le frère Richard. Le père, Franz Ronsperger décédait en 1918 peu après le second mariage de Mariette et en 1921 la sœur (sa seconde mère!) Edith se suicidait à Florence. Eugénie a donc accompagné Mariette à Milan en 1924 pour son exposition, puis s'est installée avec elle pendant un an à la villa Ruspoli à Fiesole au dessus de Florence, où Mariette fréquentait Bontempelli qui appréciait beaucoup les dîners partagés avec les deux femmes. Elle l'a suivi ensuite en 1926 à Paris, où elle décédera probablement en 1934

Par contre ce "Pierrot noir" se retrouve pour désigner Elisabeth Janstein dans l'hommage rendu par Felix Braun dans un texte conservé dans le fonds à ÖNB Vienne. Décédée rapidement après un séjour en prison et une opération d'ulcère (les étrangers de langue allemande étaient soupçonnés aussi en Grande-Bretagne) en fin 1944. C'est sa logeuse de Winchcombe, Winifred Montford, qui préviendra Mariette Lydis (voir sa lettre traduite sur Malydis). 

.......... 

-9/ Erica Marx rencontra Mariette lors de la première exposition aux Leicester Galleries de "Ernest Brown & Phillips Ltd" et la suivit à Paris. Elle entra en apprentissage chez Govone qui installa à Paris, les Editions du Raisin en association avec Alberto Tallone qui reprenait l'atelier de Maurice Darantière dans l'hôtel de Sagonne. Réfugiées dans le Gloucester'shire à Winchcombe dans l'année 1939, Mariette et Erica éditèrent "The Turn of the Screw", livre qui fut imprimé difficilement sous les bombardements et tiré à 200 exemplaires après le départ de Mariette, dans leur maison d'édition "The Hand and Flower Press".  Erica utilisa nom et logo quelques années plus tard pour une collection bon marché "Poems in Pamphlet" pour diffuser de jeunes auteurs de poèmes dont elle-même produisit un recueil sous son nom et un sous le nom masculin de "Robert Manfred". (prénom de son frère Paul Manfred Marx aviateur de la RAF mort au combat à 31 ans).

 

  hand-and-flower.jpg

 

Des "lettres"  il y en a plusieurs qui sont restées  dans les classeurs de Mariette, ce sont ces confessions ou réflexions sur son existence, sur ses amours, sur le fond de sa pensée qui permettent aussi de voir autre chose dans les yeux, les contorsions de ses personnages. La lettre ci-dessous conservée en Argentine, en porte même le titre:

  "LETTRE SANS DESTINATAIRE"

A qui pourrais-je bien adresser cette lettre pleine d'ennui, de solitude, de nostalgie, de grand besoin? Je ne vois que des noms qui ne sont plus, qui ont accompagné ma route un temps pour y laisser un vide, un trou noir de solitude. Quel prix faut-il payer après, pour ceux que l'on a perdu, qui ne peuvent plus vous accompagner de leur sollicitude, leur amour, même de loin! Ils sont trop loin, ils ne sont plus.

 

Je vis dans un pays qui m'est cher, quoique je m'y sente étrangère. Je serais ingrate de ne pas reconnaître et apprécier profondément l'affection, l'admiration, l'appréciation que j'ai reçu dans un pays qui n'est pas le mien. Mais non, mon cœur est sans amour. La reconnaissance n'est pas un équivalent, ne peut me combler. Ce que je possède est mon travail qui me rempli de bonheur, mais je n'ai pas à coté de moi ce que je possédais: cet être qui, plus que moi, était ému de ce que je produisais. Ce que l'on ne peut partager, ne vous donne qu'un transport, qu'une élévation passagère, renouvelable avec un spectateur que l'on sent vibrer. Que ferais-je sans mon travail? Sans ces êtres que je crée pour ma joie, ma compassion, ma protection, ce monde à moi, créé par moi?

 

Je ne regrette pas de ne plus être jeune, ô non, mais mes belles mains ne sont plus si belles. Et j'ai honte d'être honteuse d'elles, qui ont bâti, construit, rempli mon Univers, m'ont fait vivre, m'ont donné succès, bien-être, adoration; m'ont procuré toutes les belles et bonnes choses desquelles je suis gourmande.

 

Mais je ne cesse d'être "self conscious". Je me réprimande, je me raisonne, j'ai comme une obsession, une honte de ce qui a changé de mon extérieur, quoique je reconnais[se] que je suis ingrate vis-à-vis de mon extérieur qui est relativement appréciable, comparé à d'autres.

 

Il me semble que ce qui est le plus sensible c'est la distance d'âge que sentent ceux plus jeunes que moi-même, et que l'on ne partage pas. Les attentions exagérées, les opinions des autres, qui vous donnent raison par vénération. La vénération en elle-même, quelle parole pénible et offensive! [offensante?] Au fur et [à] mesure que l'on vieillit on devient plus exigeant, au lieu de devenir plus tolérant. Quel ennui se dégage de presque toute conversation, quelle envie que rapidement, cela se termine ...

 

Voilà une lettre sans destinataire, pleine de plaintes et, malgré tout, on se sent allégée même si c'est dans le vide que se dissout cet appel à l'aide, cet ennui, ce désespoir sans issue.

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Une date figure en tête , elle est soigneusement "gribouillée" au stylo, par contraste et grossissement on pourra peut être la déchiffrer. Que venait-il de se passer dans sa vie, le Comte Govone auquel semble s'adresser cette remarque sur l'émotion partagée est décédé en 1948, mais elle devait avoir près d'elle Julia la femme du riche Edmond Saint et Marie qui travaille à la boutique du Plaza Hôtel depuis 1941 et  Raquel Abrisqueta sa dernière compagne et "agent" pour l'Amérique du Sud.  Mariette fut très généreuse envers les œuvres sociales argentines, on compte un dizaine de lettres de remerciements à Raquel après son décès, pour les dons reçus. Mais l'inauguration de son Christ pour la Chapelle des Emigrants en 1965, ses affiches pour l'enfance, lui valaient déjà la popularité des pauvres. Elle eu la chance d'avoir été fêtée en 1967 pour son 80 ième  anniversaire, puis sa donation au musée des Beaux-Arts de Buenos Aires en 1969 fut accueillie avec une grande ferveur et force discours. On dit à présent que ses œuvres ont été mal conservées, certaines disparues au point qu'une exposition est désormais impossible depuis les ressources de la donation Sivori. Elle eut aussi la chance de ne pas être atteinte d'une maladie dégénérative, qu'elle craignait tant, son cancer de l'estomac ne fut traité que les trois derniers mois de sa vie et elle put écrire une belle lettre d'estime à Montherlant dans le mois qui précèda son décès en mai 1970. Par contre le souci de son état extérieur se retrouve sur les différentes photos des dernières années, il est rare d'en trouver une non "corrigée" par quelques traits d'encre noire, ici pour amincir le cou, là  pour rectifier la courbe des épaules, ces photos retouchées pouvaient être adressées à des journaux pour illustrer quelque article sur une exposition, ou une manifestation. Des coupures furent adressées à ses correspondants avec ses vœux en particulier en décembre 1967, année qui lui donna sûrement le plus grand bonheur.

 

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D
Merci pour la lecture, Mariette écrivait dans toutes les langues et quelques pages de son journal sont étonnantes.
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S
This was a truly an amazing story. I have never stumble upon something like yours. I have heard many stories about friendships and love before. But this was really intense and true. Thank you for sharing this wonderful story with me.
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