Publier une correspondance, c'est diffuser la pensée immédiate dans un contexte précis, écrite par leurs auteurs et à l'intention de leur seul correspondant.
Pour un écrivain, les lettres ne sont pas "travaillées", relues comme le sont ses textes destinés à l'oeuvre.
C'est ce qui a justifié le refus, de son vivant, quand on le lui a soumis que Montherlant a opposé à ses amies.
Lui qui dans ses lettres des Jeunes filles ne s'est pas géné, l'a refusé même à ses victimes.
Plus, ses ayants droits y veillent ou ont fait pression sur les éditeurs afin que ca ne se fasse pas depuis sa mort.
Cela ne prète t'il pas à une déformation, puisque seuls quelques biographes ont pu dépasser cet interdit en n'ayant pas forcément toutes les informations.
Machine à écrire portative de Jeanne Sandelion, emporté à Alger quand elle rejoignait Montherlant.
Pour preuve cette lettre à Jeanne Sandelion, de René Minguet, directeur des Nouvelles littéraires [*1] le 19 Janvier 1973.
Madame Jeanne SANDELION
... 06000 NICE
Madame,
Monsieur CHABANEIX a tout à fait raison. Renseignements pris, nous ne pouvons pas publier les lettres de Montherlant à cause des risques encourus.
En conséquence, et à regret, je vous fais retour du document que vous avez bien voulu nous transmettre.
Daignez accepter, Madame, l'expression de mes sentiments distingués.
René MINGUET
*1/
Les nouvelles littéraires, bimestriel fondé en 1922 par Maurice Martin du Gard (également directeur de l’Art Vivant de 1925 à 1930), André Gillon, directeur général adjoint de la Librairie Larousse, Charles Peignot et Jacques Guenne, sous l’intitulé « Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques » suite à des difficultés financières appartenaient à Larousse en 1936 qui l’a revendue à [René] Minguet en 1971, puis furent rachetées en 1975 par Philippe Tesson pour arréter de paraitre finalement en 1983. (info P40 dans Gavroche , Bruno Demonsais, Des poings et des roses, édition sept 2006)
voir aussi blog de Leo Scheer sur Gabriel Matzneff (GM):
L'article se termine joliment. Quand Philippe Tesson lui notifie sa décision, Gabriel Matzneff raconte qu'il a une pensée fugitive pour Athos, quand il est arrêté sur l'ordre d'Anne d'Autriche, dans "Vingt ans après", précisément : "Cardinal, dit-elle, faites arrêter cet insolent gentilhomme avant qu'il soit sorti de la cour."
le dernier "Carnets de GM" des "Nouvelles Littéraires" daté d'octobre 1975, où il faisait ses adieux, rendant hommages à René Minguet pour trois ans de coopération, où le nouveau directeur, Phillippe Tesson, avait décidé de mettre immédiatement fin à la publication des carnets.