L'hôtel Crillon va se transformer,
Il a changé de main, ce sont encore les riches capitalistes du golfe (ici les Saoudiens paraît-il) qui investissent pour l'avenir, le temps où ces pays auront épuisé leurs réserves de pétrole. Alors puisqu'ils sont eux-mêmes souvent les clients, autant qu'ils soient aussi les propriétaires.
J'ai une émotion chaque fois que je passe devant la façade prestigieuse, ce souvenir de la photo de Mariette penchée par la fenêtre et devant un minuscule balcon. Invité l'année dernière au repas qui clôturait l'AG des mes participations du temps des entreprises, j'avais déjà senti un serrement, entre le cœur et l'esprit. Visité par le grand chef au café, je ne pensais qu'à Mariette, mais en 1948 ou 1954. Les fauteuils étaient ceux d'avant puisque la déco fut refaite en 1981. Avant la nouvelle transformation, "tout doit disparaître", les meubles, les accessoires, les tenues de service, les cheminées et les rideaux, tout, les services, les vaisselles, les ustensiles, dans les cuisines les meubles et instruments, les caves, tout, les tapis et les poignées de porte.
Oui Mariette Lydis, quand elle venait d'Argentine, logeait au Crillon, à Buenos Aires elle faisait "monter" un portrait dans les airs au dessus de l'obélisque, elle pensait toujours à Paris, et à la Concorde.
Dans sa bibliothèque figurait un guide "photos de Paris". La publication Hachette comporte les traces des marque-pages sur les monuments qu'elle distinguait. Mariette, avait une partie d'elle toujours dans son Paris. C'est de sa chambre au Crillon, qu'en 1949 elle avait appelé Jacques Vialetay, pour qu'il apporte en pleine nuit, des pierres lithographiques.
J'ai visité le dernier jour, l'exposition préparée par Artcurial pour la vente sur 5 jours, de tout. Les deux heures de queue étaient méritées, le catalogue (50€!) sera le seul souvenir, car il n'y avait pas de petits lots "souvenir Crillon", non la vente était vraiment orientée, vers les riches. Les prix "estimés" sur catalogue, pouvaient laisser espérer quelques achats, pas le bar "César" bien sûr, mais par exemple un cendrier de couloir estimé 150-200€, ou un bureau plat style Directoire, "en bois mouluré et sculpté, le nécessaire de bureau en cuir, et la corbeille à papier. On joint ...une chaise à la reine de style Louis XVI" dans une fourchette de 200-300€.
L'inscription sur le site d'enchère, indiquait heureusement que les montants étaient plafonnés, donc pas de folie prévue, j'ai noté les frais exceptionnellement élevés 29,9% TTC, alors prudence dans l'enthousiasme de l'enchère, et j'ai le premier jour eu la curiosité de suivre un peu les flux. Mais qu'est-ce qui leur prend ? des paires de fauteuils avec une estimation de 400€ démarraient à 800, puis rapidement montaient à 1500, 3000... mais c'est du faux, le bois n'est pas mentionné, solide certes, mais pendant l'expo,il n'était pas possible de "toucher", vérifier la qualité, tirer les tiroirs, donc acheter à l'aveugle, des copies de Louis Quinze ou Directoire, fabriquées en, 1980! ou après, ce n'est pas du meuble d'époque, je me suis dit: ce sont d'anciens clients, ils doivent vouloir le souvenir du digne dépôt de leur séant, un jour de passage à Paris... tous les lots que j'ai suivis sont ainsi partis entre 5 et 20 fois l'estimation. C'est une belle affaire pour la maison de vente, belle affaire pour l'acheteur-vendeur et je suppose une belle opération pour la balance des échanges extérieurs.
Le record fut peut être le bar César, à, si je me souviens bien 240 000€ soit 24 fois la cotation, fou je vous ai dit, tous fous, lui au moins il est unique et signé. Alors trouvera t-on sur Ebay, dans quelques semaines quelques pièces détachées de ces lots, pour agrémenter ma collection, d'un petit objet marqué du monogramme du bel hôtel?