Trouver des traces de la méthode de travail de Mariette Lydis, puisque cela elle ne l'a pas écrit, est un véritable plaisir que je savoure lentement. Ainsi j'ai repéré, regroupé les éléments mais je ne m'y attaque pas tout de suite. Je m'y prépare doucement. Je feuillette quelques lettres, je les déchiffre, pour certaines je les transcris sur des feuilles individuelles. Je fouille d'autres liasses pensant y trouver un calque, un essai lithographié sur une chute de papier au dos d'un autre essai, parfois en plusieurs passages comme si l'on avait essuyé le cuivre. Ainsi ce petit recueil de pages extraites d'une publication d’œuvres de Verlaine. Ces pages dont je n'ai pas encore trouvé l'édition d'origine, sur une sorte de papier bible, dans un format qui me rappelle les éditions de Jean Jacques Pauvert, étroit et vertical : 17x9,7 cm. Ces pages sont rassemblées et "scotchées" dans un petit livret en carton, une feuille sert de couverture sur laquelle est frappé à la machine "VERLAINE".
Les textes sont sélectionnés et séparés en 3 parties, Mariette a marqué d'une écriture au stylo bille bleu un titre pour chaque partie, des numéros de pages parfois quand ils ne sont pas imprimés, et sur les replis de la couverture en premier "Commencé le 21 Janvier 1966", en fin, les numéros de page ou les numéros du poème assortis du mot objet de l'attention. En parallèle à la page indiquée, une phrase soulignée une marque dans la marge de la strophe, enfin devant le titre ou le numéro du poème retenu une croix ou un cercle, parfois un gros point rouge.
Maintenant il est temps de rassembler et comparer, avec l'ouvrage paru la même année.
Jacques Vialetay l'éditeur [*2] qui depuis 1949 avait été pressenti par Carmen Guillard, avait-il passé commande? Lui avait-il adressé le livre des poésies, comme il l'avait fait pour le Baudelaire? En Argentine ce n'est pas comme pour Madame Bovary, Janick la jeune femme qu'il avait épousé en décembre 1949 ne pouvait pas poser pour Mariette. Ce sont donc des modèles argentins dont elle s'est servi. J'ai nettoyé le vieux scotch, je liste les références en fin de couverture.
CHANSONS POUR ELLE | page |
* |
||
525 |
tu n'es pas vertueuse |
I O |
||
526 |
car sans toi rien ne puis rien de rien |
II
X |
||
528 |
l'air faux de sale méchanceté |
IV | ||
XIII |
es-tu brune ou blonde ? 535 |
X | ||
XIV |
femme trop bien mise 536 |
XIV O
XV |
||
XVI |
la pauvreté |
O | *1 | |
XXII |
je révais cette nuit |
541 | ||
"ROMANCES SANS PAROLES" ARIETTES OUBLIEES |
*2 | |||
111 | extase langoureuse | I | ||
122 |
Il pleut |
III | ||
123 |
soyons 2 enfants |
IV | ||
124 |
en sa longue robe |
VI | ||
125 |
la plaine |
VIII | ||
126 |
ô voyageur |
IX | ||
129 |
l'allée |
II | ||
130 |
chevaux de bois |
|||
132 |
ma froide soeur |
O
O
O |
||
135 |
vos 2 mains blanches |
X
X O |
||
136 |
streets |
X | ||
137 |
child |
O |
||
138 |
Kate |
O | ||
"ODES EN SON HONNEUR" | ||||
574 |
Ô Sainte Ô Reine |
573 I O
II |
||
576 |
tu n'es pas vierge |
IV
XO |
||
578 |
un torse |
VI
O
|
||
579 |
Fifi s'est réveillé |
VII
X |
||
580 |
Cruelle |
IX O
|
||
584 |
nez retroussé |
XI
X |
143 | |
" |
femme nue |
XI
X |
*3 |
h
*1/ Je me suis beaucoup demandé comment Mariette avait pu interpréter la strophe qu'elle a remarquée dans le XVI La pauvreté.
J'ai recherché incaguions soit le verbe incaguer. Mon Petit Robert l'ignorait, et j'ai trouvé le mot dans mon dictionnaire de l'Académie de 1777. Par curiosité je vais chercher sur internet, une première question wiki n'ayant rien donné. (Voir le commentaire).
Dans la suite de cet article je vais rapprocher les poèmes retenus dans l'édition, ainsi que comparer les 16 gravures. Dans le tableau figure la page de l'édition Vialetay.
Le livre de Vialetay fut tiré à 250 exemplaires in-quarto dont 50 sur BFK Rives avec une suite en couleur, après 31 sur Japon nacré.
Un exemplaire sur Japon nacré, "exemplaire unique" fut réservé à Mariette Lydis, il comporte en plus des suites, les 8 dessins originaux non retenus, il fut donc exécuté 24 dessins. Nous avons 26 annotations dans notre liste préparatoire.
*2/ Le titre retenu fut Romances sans paroles, et les trois chapitres reclassés Romances sans paroles, Chansons pour elle, Odes en son honneur.
*3/ Vialetay avait installé ses bureaux 23, rue de l'Abbé-Grégoire où il exerçait avec sa sœur Jacqueline Favre, que j'ai eu le plaisir de rencontrer plusieurs fois, à Paris et près de Fontainebleau en 2001 où elle avait archivé de nombreux documents sur leurs productions. Après le décès de Jacques , elle continua les éditions en cours avec l'aide principalement d'Henri Jonquières (qui a effectué la maquette de ce Verlaine) au 22 rue Serpente à Paris sous le nom "Société de Diffusion Jacques Vialetay". Mariette Lydis a illustré deux autres Verlaine: Parallèlement en 1949 avec Georges et Nadine Guillot et Trente Poèmes en 1955 avec Vialetay.