Premières lettres de Montherlant à Jeanne Sandelion
recopiées par Jeanne pour préparer leur édition.
lettre de JS septembre 1927
1929 ou 30
Vendredi
Chère mademoiselle
J’étais seul, ma femme de ménage ne venant qu’à 9 heures, et dans un négligé impossible ; vous savez ce que je pense des hommes à l’état nature, je ne vous l’ai pas caché. Même aurais-je lu votre carte, je ne le pouvais pas, et c’eut été pire, pour vous et pour moi.
Mais votre attente à cette porte me reste sur le cœur, comme un épisode assez atroce. Vos coups de tête, vos paniques, vos égarements, j’ai trop connu tout cela pour n’en être pas remué comme s’ils étaient miens.
Que vous dire ?
Vous partez sans m’avoir laissé le temps de m’expliquer. Vous aviez bien vu pourtant que je comptais de façon la plus ferme vous revoir. Et vous partez (le mot est rayé) fuyez – sans doute, je n’aime que ceux qui fuient, mais vous fuyez trop tôt ! Comme vous avez peu confiance en mes retournements, et oubliez que tout m’est possible et surtout imprévu ! Certes, les femmes sont bien maladroites, je l’ai mille fois pensé et dit.
Renoncez au moins à cette idée absurde de me retirer votre amitié, à moi qui, tout de même, vous ai montré et par des actes, que j’y tenais, quand je tiens à si peu de choses et pour m’en punir, en ai si peu.
Montherlant
2° lettre
Merci. Mais ce n’est pas cela que j’attendais de vous. Allons, désarmez, soyez bonne. Mois aussi, j’attends devant la porte.