Charme de ce petit album, et l'ouvrir au centre renforce encore l'émotion.
Un conte gentil à lire, au temps des sirènes et des fées, une amitié entre un jeune garçon Gaulois et une petite fille Romaine, ça nous plonge bien aux années trente. Un peu désuète maintenant où les enfants de la tranche d'âge visée par l'éditeur semblent beaucoup plus "mûr" qu'une amitié où l'on pose ses lèvres sur la joue de son ami. Le conte est aussi à valeur "morale" et "religieuse" un tantinet nationaliste.
Mais l'écriture est vive, le texte littéraire, d'où vient cette histoire? Qui est André Lichtenberger, auteur de contes? Auteur de poésies enfantines? Cet album depuis "toujours" dans ma collection de Mariette a pris une importance récemment quand j'ai trouvé un exemplaire dédicacé par l'auteur signalant par là sa présence en 1935, un exemplaire précédent était seulement dédicacé par Mariette Lydis, ça m'avait semblé normal puisque Mariette avant Pierre Louys, avait illustré Baudelaire, Ovide, Sapho, Boccace puis Verlaine, mais ici il s'agissait aussi d'un contemporain comme Colette ou plus tard Supervielle.
C'est donc dans un approfondissement autour de Lichtenberger que je me suis lancé, d'abord André (Émile André) mais aussi son frère Henri, son oncle Frédéric le professeur fondateur de l'université Protestante de Paris. Après un premier aperçu sur Wikipédia (très complet) j'ai parcouru beaucoup de textes sur Gallica, mais après réalisation : dans les vieux livres de ma bibliothèque (Verte, Rouge et Or, Nelson ...), puis les bouquinistes, quelques libraires en ligne. Bien entendu complété une généalogie (geneanet) parcellaire. Contacté quelques pistes de descendance, si parfois des archives familiales étaient conservées.
Parti de ma quête des œuvres "de luxe" de Montherlant, mon obsession pour son illustratrice Mariette Lydis, grâce à ces belles images d'Angomar & Priscilla, je retourne à un homme de lettres qui mérite d'être mieux connu.
Des illustrations tirées par Mourlot, une typographie de Crété, le beau papier, la solide reliure d'une collection "pour nos enfants" destinées aux familles bourgeoises qu'appréciaient André Lichtenberger comme Mariette Lydis, malgré leurs parcours souvent plus progressistes qu'il n'y parait.
Ce sera l'objet du prochain article.