25 Quai Voltaire, VII°
16 oct. 1945
Chère Mariette Lydis,
Je viens d’avoir des nouvelles de vous par votre amie anglaise (celle qui vivait chez vous)[*1]. Combien de fois j’ai demandé de vos nouvelles depuis cinq ans à Lefebre, à Mornand,etc… Et de celles de M. Govone[*2]. En gros , on m’avait renseigné assez exactement. Je suis bien heureux d’apprendre que vous et Govone vous allez bien, et même projetez de revenir au printemps à Paris.
En 1940, j’ai fait trois semaines de campagne militaire comme correspondant de guerre de Marianne, et ai été très légèrement blessé, puis un an dans le midi, puis retour à Paris, où j’ai eu deux pièces jouées, au Théatre français et au th. St Georges. Et depuis suis resté à Paris, où vous devez savoir que l’édition ordinaire est en veilleuse, faute de papier, mais que l’édition de luxe est florissante (et n’a jamais cessé de l’être depuis cinq ans), ce qui, je l’espère, promet de beaux jours à Govone et à vous. J’espère que nous nous retrouverons encore sur les mêmes pages, et vous dis un amical à bientôt
Montherlant
Notes par moi :
*1/ Probablement Erica Marx, avec qui elle s'est réfugiée en Angleterre en 1939, avant de partir seule pour l'Argentine en Juillet 1940
*2/ Giuseppe Govone, Comte italien éditeur d'art à Paris, réfugié en Italie pendant la guerre, qui a rejoint Mariette à Buenos Aires en 1946, est décédé à Turin en 1948.