25-1-50
Chere Mariette Lydis.
Vous n'avez pas digéré "vous et vos maisons". Et moi je n'ai pas digéré la lettre que vous m'avez écrite à ce propos. Je préfère ne pas la relire avant de vous écrire. Il y a maléfice sur toute
correspondance. - Toujours source de malentendus - et il me parait incroyable que vous ayez pu être blessée par une phrase qui signifie simplement : ce qui me différencie de vous, c'est
... C'est à peu près comme si je vous avais dit: "Ce qui me différencie de vous, c'est que vous aimez les perroquets, et moi, non". J'en viens à me demander si, malgré votre excellente
connaissance du français, vous ne mettiez pas dans ce mot "sépare" une nuance morale "péjorative", qui n'y existe absolument pas en français.
Evidemment, je serais enchanté que vous vous interessiez à ma petite infante. Je vous envoie le livre, mais me doutant que quelque haut intéret international empèchera qu'il ne vous
parvienne.
Il y a un an, j'avais eu l'idée de vous suggérer de faire le portrait d'une petite actrice, Daniele Delorme, qui m'avait frappée comme très "Mariette Lydis". Aujourd'hui la voici star, célèbre,
et elle va jouer ma nouvelle pièce "d'amour", avec Victor Francen, au cours de la saison prochaine.
Peut -être vous la ferai-je connaitre en avril.
Il me semble que, du temps que je me déplaçais, il y avait toujours beaucoup de cafard à retrouver mes anciennes demeures. L'avez-vous éprouvé à B.A. ?
votre Montherlant
[en marge page 1]L'album Baschet a fait beaucoup d'effet autour de moi. La reproduction de mon portrait ma paru bonne.
Notes
*1 Présentation de son livre "Demain, tout commence" Robert Lafont 2008:
Danièle Delorme : " une petite gueule marrante ", disait d'elle Colette, lorsqu'elle tourna Gigi en 1949. En soixante ans de carrière, cette enfant de la balle s'est imposée comme l'une des
héroïnes préférées des Français, à la fois fraîche, sensible et combative, sur les planches comme à l'écran. Au travers d'elle, de son parcours, ce sont autant de figures aimées que nous
retrouvons : celle de Gérard Philipe, son premier amour à Antibes durant la guerre, quand ni lui ni elle n'étaient acteurs, mais aussi celles de ses deux maris, Daniel Gélin puis Yves Robert,
auprès de qui elle a vécu un demi-siècle. Privilège rare, Danièle Delorme a créé des pièces d'Anouilh ou de Salacrou. Elle a tourné sous l'œil de Clouzot ou de Duvivier et fréquenté des écrivains
majeurs : Suarès, Genet ou Ionesco. De portrait en portrait, nous retrouvons aussi ses partenaires de jeu, qui forment une classe d'amis au talent fou, tous singuliers : Jean Gabin, Louis Jouvet,
Simone Signoret, Bernard Blier, Jean Carmet, Antoine Bourseiller, Philippe Noiret ou Jean Rochefort... De Colombe à La Guerre des boutons, de Maison de poupée à Un éléphant, ça trompe énormément,
sans oublier la saga du Grand Blond ou celle de Pagnol, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère, Danièle Delorme n'a jamais cessé de s'engager, comme comédienne, comme productrice et comme
femme, pour un répertoire populaire et de qualité. Femme de cœur et d'action, elle livre un récit qui regarde en arrière - pour mieux aller de l'avant. Un livre pudique devant les douleurs,
toujours tendre et joyeux.
Elle décrit sa jeunesse, fille d'André Girard qui, "fait du hasard", fut le premier à exposer Mariette Lydis en 1925 à Paris. Galerie remise en fonction par sa fille.