Lu cet été, la généalogie en 4 volumes de Jean Delay. Les croisements des branches avec diverses personnes connues, les recherches historiques, leurs situations géographiques est l'occasion d'une étude des progressions ou effondrements des descendances. La série des "avant-mémoire" sont aussi l'occasion de lâcher quelques commentaires sur les moeurs politiques j'ai noté:
Jean Delay. Avant mémoire II, Le monde et la finance P33, 34
« Il n’y a pas le moindre fonds dans notre Trésor, ni dans nos recettes, pour satisfaire aux dépenses les plus urgentes. » En faisant lire par le petit roi une déclaration sur l’état désastreux des finances, le Régent chargea le plus possible, selon une tradition éprouvée, la gestion de ses prédécesseurs. Pour sortir d’affaire, il fit appel à une multitude de conseils très aristocratiquement composés, la polysynodie, qui ne tarda pas à donner la mesure de son incompétence. Le plus facile était de trouver des boucs émissaires. Les manieurs d’argent, généralement impopulaires, furent tout naturellement désignés. Une Chambre de justice, dans la tradition des « grands jours », par lesquels la monarchie faisait rendre gorge aux financiers après s’en être copieusement servi, fut instituée en 1716. Tous ceux qui avaient participé depuis 1689 à des marchés ou entreprises publiques furent justiciables de la nouvelle juridiction qui enquêta sur huit milles personnes dont deux mille huit cents à Paris et prononça cinq mille confiscations.
L’institution de « grands jours » n’amena pas les résultats escomptés mais en produisit d’autres. Le Régent ayant hâtivement proclamé que la confiscation des biens des financiers subviendrait aux dépenses, les contribuables en conclurent qu'ils seraient exemptés d’impôts et il fallut publier dare-dare dans les moindres villages un démenti. Les receveurs et fermiers généraux, menacés dans leurs biens et leur personne, firent la grève du zèle ou cessèrent le travail. On dut pour les y ramener multiplier les entorses à la juridiction d’exception. Les financiers, menacés d’être du jour au lendemain ruinés ou emprisonnés, ne trouvèrent plus de crédit en France ni à l’étranger. Le commerce fut paralysé.